La force des discrets change le regard que l’on porte sur l’introversion et revient sur « le pouvoir des introvertis dans un monde trop bavard ». L’auteure Susan Cain rêvait de devenir écrivain mais elle a grandi avec le sentiment que cette profession typique des « timides » n’était pas validée par la société de l’idéal extraverti, alors elle est devenue avocate à Wall Street et a mis de longues années avant de réaliser son rêve. Je recommande ce livre à tous ceux qui ont trop souvent entendu «Toi, tu es plutôt quelqu’un de timide.» comme un reproche et qui en sont venus à penser que l’introversion est un défaut. Je vous le promets, ce livre va vous faire un bien fou !
Dans la première partie de l’ouvrage, Susan Cain analyse l’évolution de la société qui a conduit à l’idéal extraverti. Dans la deuxième partie de son livre, elle s’attarde sur l’impact de la biologie où elle tente de répondre entre autres à une question toute simple : « si nous sommes aujourd’hui convaincus que l’idéal social est l’idéal extraverti comment expliquer qu’après des milliers d’années de sélection naturelle les deux tempéraments aient survécu jusqu’à aujourd’hui dans une proportion équivalente? » Les pistes de réponses apportées par ce livre à cette simple question sont fascinantes. Dans un troisième temps, elle se demande si toutes les cultures ont un idéal extraverti et s’attarde sur les comportements et les pratiques culturelles notamment en matière d’éducation des populations asiatiques aux Etats-Unis. Enfin, cet excellent s’ouvrage s’achève par des conseils à l’attention des parents qui ne sauraient comment élever des enfants introvertis sans leur transmettre un comportement de victime et des recommandations pour les employeurs qui penseraient (à tort) qu’il serait judicieux de motiver introvertis et extravertis de la même façon. En prime, quelques conseils avisés si votre introversion vous pèse pour vous faire passer pour plus extraverti que vous ne l’êtes sans ne rien changer à votre personnalité.
Je travaille depuis plus de deux ans dans une équipe de 8 personnes. Nos bureaux sont disposés en cercle afin de favoriser (soi-disant) l’interactivité au sein de l’équipe. Quand je suis arrivée dans cette équipe allemande, j’étais plus de la moitié du temps la seule employée ne travaillant pas dans sa langue maternelle au sein de l’équipe. J’ai donc dû faire face à deux difficultés : la barrière de la langue et la douloureuse prise de conscience que mon tempérament réservé pouvait constituer un obstacle à mon épanouissement professionnel. Et pour cause : toutes les deux semaines, mon responsable me répétait avec obstination « Tu es trop calme, il faut qu’on t’entende plus. C’est sans doute parce que tu ne parles pas encore assez bien l’allemand. » Puis l’incitation s’est faite de plus en plus pressante : « Tu hésites trop à poser des questions, quand tu as un doute, crie. » (Alors là, petite parenthèse : pour mettre à l’aise un introverti, la dernière chose à lui dire c’est bien de crier. C’est comme suggérer à quelqu’un de complexé par son poids de maigrir. Si la personne ne suit pas votre conseil, ce n’est pas parce qu’elle n’y a pas pensé avant mais bien parce qu’elle n’y arrive pas !) Déconcertée par ce manque de pédagogie, je suis restée bloquée pendant un long moment avant de développer une autre stratégie de survie dans cette ambiance de travail. Apprendre à collaborer sans crier à ma façon, en surmontant la barrière de la langue… Aujourd’hui, je suis en colère contre ce responsable qui m’a convaincue pendant un moment qu’il y avait un problème avec ma personnalité mais je lui suis aussi reconnaissante des enseignements que m’auront apportés cette expérience. Et je retiens avant tout ceci : la raison du plus bruyant n’est pas toujours la meilleure.