Je me souviens de mon temps… Mes cousines sont plus jeunes de 9 ans et je me souviens de mon temps, leur facebook, c’était mon msn, leur blackberry c’était mon 3310 et je jouais au snake dessus. Et oui, à 26 ans, on peut prononcer des phrases qui commencent par « je me souviens, de mon temps… » ! Le problème, c’est que dans la vingtaine, les gens autour de toi se moquent gentiment en te faisant remarquer que tu parles comme une mamie et que tu as encore toute la vie devant toi car tu es jeune. Pourtant, littératures, conférences et vidéos sur la crise de la vingtaine abondent…
« J’ai passé la première moitié de ma vie active à l’école et tout le reste est encore à construire. » C’est cette prise de conscience qui déclenche la crise de la vingtaine Pourtant, on l’attendait avec impatience la fin des études ! Mais là on réalise que la deuxième moitié de notre vie active on va la passer à travailler (enfin si on trouve du travail), à chercher un partenaire et à épargner (si on peut). Dans « pourquoi la trentaine n’est pas la nouvelle vingtaine », Meg Jay, psychologue clinicienne américaine, s’attarde sur l’importance de cette décennie de la vingtaine qui selon elle n’est pas à négliger. On peut résumer son message ainsi: faire maintenant ce dont on a envie parce que se dire qu’on est jeune et qu’on aura le temps de le faire plus tard c’est juste de la pro-cras-ti-na-tion. Elle cite l’exemple d’une de ses patientes qui enchaînait les relations pourries en se disant que pour l’instant elle ne faisait que passer le temps mais qu’elle aurait bien tout le reste de sa vie pour trouver un mari. Selon le « Bomeur » (contraction de bobo et de chômeur), la crise de la vingtaine peut même déborder sur la trentaine. « Agé de 25 à 35 ans, le Bomeur fait partie de cette génération qui a entendu ses parents lui répéter à longueur de journée « sois prudent ». », s’est retenu de faire ce qu’il voulait vraiment professionnellement et se retrouve malgré tout (ou peut-être à cause de ce fameux « sois prudent ») à pointer à Pôle Emploi. En parlant du Pôle, lisez aussi l’article sur la radiation. Je confirme que se faire virer d’un truc quand on ne travaille pas ni ne touche d’aides financières, c’est très abstrait.
Pourquoi le Pôle ne veut-il pas se charger de l’accompagnement des jeunes diplômés sous prétexte qu’ils se sont pas encore dans une situation d’insertion difficile. «Je ne vous inscris pas dans ce dispositif car il est réservé aux gens qui sont vraiment en difficulté. » Qu’est-ce que cela veut dire vraiment en difficultés ? Au bout d’un an de recherche d’emploi infructueuse, commence-t-on à être dans une situation d’insertion difficile ? Combien de CDD, entrecoupés par des périodes de chômage faut-il attendre d’avoir enchaîné pour aspirer à un petit coup de pouce ? Pourquoi faut-il être vraiment dans la merde pour recevoir de l’aide ? Pourquoi attendre que les jeunes, devenus moins jeunes, désabusés et épuisés par leurs recherches, acceptent un boulo alimentaire poussés par la nécessité pour leur proposer de l’aide ? J’ai beau chercher la logique dans le système, ça m’échappe. Vit-on aujourd’hui dans une société qui est devenue incapable de se projeter dans l’avenir ? Qu’y a-t-il d’absurde à miser sur la jeunesse?
Des jeunes diplômés, sortis tout frais de leurs universités avec un regard neuf débarquent chaque année en masse sur le marché du travail avec une seule envie: travailler ! Nous voulons nous retrousser les manches, apprendre, progresser. Nous sommes la génération des média sociaux, nous croyons au partage de l’information et en la richesse de l’échange. Conscients de vivre dans une société en constantes mutations, nous savons que nous allons être amenés à apprendre à apprendre tout au long de notre vie professionnelle. Et nous le percevons comme une chance ! Miser sur l’éducation et l’avenir, considérer sa jeunesse comme porteuse d’espoir est à mon avis le plus grand bien qu’il puisse arriver à une société. Et j’espère que nous vivons dans un monde où l’on croit encore que c’est positif de se faire du bien…
Ah… ton article en dit long sur le mal-être des jeunes diplômés. Le problème c’est que ces derniers deviennent vite vieux. Remplacés par les nouveaux arrivés sur le marché, à se battre pour avoir un semblant d’indemnité Pôle Emploi, à envoyer des CVs sur toute la France (car oui on est mobile!), à finir par se dire que ça ne sert à rien, qu’on n’a pas assez de chance (ou de piston)… de quoi devenir déprimé, usé et désabusé… et surtout incompris par ceux qui dans leur temps, avaient un boulot digne de ce nom, plus facilement… nos parents. Et bien…Vivement la trentaine !